Le Mahamoudra

Remontant au Bouddha Sakyamuni, puis transmises de siècle en siècle par les yogis ou mahasiddhas de l’Inde, les instructions du Mahamoudra furent introduites dans la lignée Karma Kagyu dès l’origine de celle-ci. Marpa le Traducteur les reçut en Inde auprès de ses maîtres, en particulier du Pandita Naropa, et les transmit ensuite à ses disciples, dont le Yogi Milarépa. Puis ce fut le médecin du Dagpo, ou Gampopa, qui les reçut en héritage spirituel de son maître Milarépa. Autant Milarépa s’inscrit dans la tradition indienne des chants mystiques, ou doha, en décrivant son parcours spirituel et ses expériences profondes dans ses fameux Cent Mille Chants, autant son successeur Gampopa, rompu à la scolastique bouddhiste, présenta le Mahamoudra dans des traités de facture plus traditionnelle. Les maîtres, tels les éminents Karmapas, qui continuèrent l’oeuvre de ces fondateurs de la lignée Karma Kagyu, s’inscrivirent à la croisée de ces deux traditions scripturaires et alternèrent les genres.

Le texte intitulé Les Souhaits du Mahamoudra, est une oeuvre capitale composée au XIIIème siècle par l’éminent 3ème Karmapa, Rang Djoung Dordjé (1284- 1339, tib : Rang Byung rDo Rje). Cet écrit utilise une forme dont on peut dire qu’elle combine les deux styles : expression brève et rythmée par la versification, mais structuration très élaborée du propos. Ainsi faite pour être récitée et servir de support d’inspiration à la pratique, cette composition ouvre-t-elle également à l’exégèse plus savante.

Le très vénérable Kiabjé Kalou Rinpoché parle ainsi du sens étymologique du terme Mahamoudra :

En tibétain, Mahamoudra se dit Tcha Gya Tchènpo (tib : Phyag rGya Chen Po). Tcha, qui signifie geste ou symbole, désigne la vacuité primordiale, l’ultime mode d’être de l’esprit ainsi que de ce qui procède de sa faculté créatrice, le monde. Tous deux sont vides en essence. Gya, qui veut dire vaste, indique que rien n’existe au-delà de cette vacuité primordiale. Tchènpo, signifiant grand, montre que la réalisation de cela est la plus haute qui soit.

Le Mahamoudra n’est pas à proprement parler une méthode descriptive d’un mode productif et causal permettant de passer d’une situation à une autre. Il s’inscrit en fait dans la perspective du Vajrayana, sentier du fruit, où la situation de départ est la compréhension immédiate et non inférentielle de la nature fondamentale de l’esprit (Mahamoudra base), l’exercice est le maintien sans tension en cette reconnaissance (Mahamoudra chemin) et l’apogée est l’état de dévoilement ultime ou état de Bouddha (Mahamoudra fruit).

Ce qui fit dire à la Yogini Sukhasiddhi :

Libre de l’activité mentale est Mahamoudra. Ne méditez pas, ne méditez pas, ne méditez pas avec le mental !

Formulation qui se retrouve dans les souhaits de longue vie du très vénérable Kiabjé Kalou Rinpoché, où nous pouvions lire :

Fruit du non-agir en le mental est Mahamoudra.

Les commentaires sont fermés.

e
ï