La Lignée Karma Kagyu

La lignée Karma Kagyu tire ses sources du Bouddha Gautama, qui naquit à Lumbini, au Népal, il y a plus de 2500 ans. Il enseigna sa doctrine, atteint l’Eveil et quitta son corps en Inde. L’histoire du bouddhisme au Tibet commença au VIIème siècle avec ce formidable projet à l’échelle de plusieurs siècles : absorber et digérer l’étonnante profusion d’idées et de pratiques venues d’Inde. Les Tibetains invitèrent chez eux les plus grands maîtres de l’Inde. Ils envoyèrent en Inde les meilleurs et les plus doués d’entre eux pour y étudier et ils traduisirent en tibétain tous les textes sanskrits qu’ils pouvaient trouver. Quand les grands royaumes bouddhistes de l’Inde tombèrent devant les invasions musulmanes du XIIIème siècle, la pratique et la compréhension du bouddhisme au Tibet avaient mûri au point qu’il était lui-même devenu la source du dharma pour d’autres cultures.
Quand le bouddhisme disparut d’Inde, le Tibet -avec ses pratiquants hautement accomplis et ses écoles scolastiques rigoureuses-, devint la destination préférée de nombre de ceux qui recherchaient des textes et des enseignants. Les empereurs chinois du Yuan, les dynasties Ming et Qing, y envoyèrent des émissaires pour inviter les meilleurs de ses maîtres à venir enseigner à leur cour. Les Mongols, les Tanguts et d’autres peuples d’Asie centrale se tournaient aussi vers le Tibet quant ils souhaitaient se désaltérer au riche réservoir du dharma situé au nord de l’Himalaya.

De nos jours, le bouddhisme tibétain demeure une source intarissable pour ceux qui, dans le monde entier, cherchent la sagesse que le Bouddha offrit au monde, en Inde, il y a bien longtemps.

 

  • Les trois rois du dharma au Tibet

 

l’introduction du bouddhisme au Tibet commença véritablement au VIIème siècle, pendant le règne du premier empereur du Tibet, Songtsen Gampo. Par la suite, deux autres rois apportèrent une contribution majeure : Trisong Détsèn et Ralpachen. Quand Songtsèn Gampo arriva au pouvoir, le vaste monde de la culture littéraire bouddhiste demeurait inaccessible aux tibétains qui n’avaient pas d’alphabet ni d’écriture propre. Pour marquer l’importance accordée à cette tâche, Songtsèn Gampo envoya son propre ministre Thonmi Sambhota (VIIème siècle) en Inde où il passa des années à étudier auprès d’un pandit du Cachemire. Plus tard, Thonmi Sambhota créa l’écriture tibétaine toujours en usage aujourd’hui.
Sous les règnes qui suivirent Songtsèn Gampo, le Tibet eut des temples, des statues et des textes bouddhistes, mais toujours pas de communauté monastique pour leur prêter vie. Ce pas essentiel sera franchi avec le deuxième grand roi du Dharma, Trisong Détsèn, dont les apports les plus durables furent l’établissement d’une sangha monastique tibétaine et la fondation de Samyé, premier monastère bouddhiste tibétain, en 780 environ.

Le troisième grand roi du dharma, Ralpachen, accéda au trône en 815. Il existait déjà plusieurs initiatives pour traduire les textes bouddhistes en tibétain et Ralpachèn leur accorda son soutien inconditionnel. Il invita aussi de grands pandits indiens et instaura un système pour assurer le parrainage des moines.
Cette période de soutien royal, qui vit la solide implantation du bouddhisme sur le sol tibétain, fut violemment et brutalement interrompue en 838 avec l’assassinat de Ralpachen et l’accession au trône de son jeune frère Langdarma, qui régna de 838 à 842. Langdarma déclencha une période de répression du bouddhisme, brève mais intense.
Le renouveau de la tradition monastique au Tibet central, à la fin du Xème siècle, suivi de la venue d’Atisha du XIème siècle, fit entrer le bouddhisme tibétain dans une ère nouvelle, qu’on appela la seconde diffusion.
C’est à cette époque que les lotsawas, traducteurs, risquèrent leur vie pour aller en Inde, où ils devaient endurer des années d’âpres difficultés, afin de mettre la sagesse du bouddhisme indien à la portée de leurs compatriotes.
Leurs efforts furent un service rendu à l’humanité d’autant plus grand que c’étaient les derniers siècles avant la disparition du bouddhisme en Inde en tant que tradition vivante. Aujourd’hui, un grand nombre de textes bouddhistes n’existent que dans les traductions tibétaines que les lotsawas réalisèrent au prix de tant de sacrifices.
C’est à cette période que les maîtres indiens commencèrent à confier les enseignements de leur lignée à des disciples tibétains.
Deux des quatre principales écoles du bouddhisme tibétain apparurent alors- Kagyu et Sakya- transmettant des lignées apportées au Tibet par de grands lotsawas tibétains.
La vie de Marpa lotsawa (1012-1097) fournit un excellent exemple de ce mode de fonctionnement. Faisant le dur voyage non moins de trois fois, Marpa étudia directement auprès des grands mahasiddhas indiens, Naropa et Maitripa. Il rapporta non seulement des textes et la connaissance du sanskrit mais aussi la transmission complète des réalisations de ces maîtres ainsi que ses propres réalisations spirituelles. Une fois de retour au Tibet, Marpa se mit à former la génération suivante de pratiquants, au premier plan desquels se trouvait Milarépa. Celui-ci fut le plus grand yogi que le Tibet ait connu et son pratiquant le plus universellement vénéré. Milarépa à son tour, transmit sa lignée à son disciple semblable au soleil, Jé Gampopa. Jé Gampopa combinait la lignée du Mahamoudra de Milarépa et les enseignements kadampas dont il s’était imprégné plus tôt. Gampopa intégra ces lignées, qui se renforçaient mutuellement, et les transmit à son disciple de coeur, le 1er Karmapa, Dusoum Khyenpa ainsi qu’à d’autres disciples. Ainsi apparut une nouvelle et riche source de courants de transmission, appelée Dagpo Kagyu.

 

  • Du IIème au XVème Karmapa

 

Le courant de réincarnations, dont Dusoup Khyenpa fut l’initiateur, s’est poursuivi pendant ces neuf derniers siècles. A chaque nouvelle vie et sur un terrain historique changeant, les réincarnations de Dusoum Khyenpa ont trouvé de nouveaux chemins pour la progression du dharma et des disciples qu’elles conduisent vers l’Eveil. En périodes de troubles, comme en période de paix, les incarnations du Karmapa n’ont cessé de revenir, s’adaptant continuellement aux temps qui changent, afin de trouver les meilleurs façons de continuer leur oeuvre pour le bien des êtres et du dharma.

 

  • Sa Sainteté le XVIème Karmapa

 

Le XVIème Karmapa servit de guide à ses disciples et à sa lignée au cours de la période la plus traumatisante que le bouddhisme tibétain ait affronté depuis l’époque du 1er Karmapa. Le XVIème Karmapa, Rangjoung Rigpé Dorjé naquit en Orient et mourut en Occident. Entre ces deux termes, il parvint non seulement à installer en exil la lignée Karma Kagyu sur des bases solides et stables, mais il propagea les enseignements du Bouddha, trouvant un sol fertile en Europe et en Amérique.

 

  • Sa Sainteté le XVIIème Karmapa, Ogyen Trinley Dorje

 

Outre ses efforts pour protéger et promouvoir la culture tibétaine, le Gyalwang Karmapa est particulièrement sensible aux droits des femmes et à la préservation de l’environnement. Il a lancé de nombreux projets dans le but de protéger l’environnement, ce qui est une façon de protéger les générations futures. Il a oeuvré afin que les femmes aient la possibilité de recevoir l’ordination majeure dans le cadre de la tradition bouddhiste tibétaine. En hommage aux origines indiennes du bouddhisme, il a introduit la récitation de prières en sanskrit au cours du grand rassemblement annuel des Kagyu Meunlam à Bodhgaya. Il oeuvre aussi pour redonner vie à des traditions perdues de chants bouddhistes indiens.
Ainsi, le XVIIème Karmapa est-il actif dans de nombreux domaines bénéfiques ; ses actes, tournés vers l’avenir, restant fermement ancrés dans le respect du passé. En tant qu’érudit et maître de méditation, mais aussi en tant que peintre, poète, compositeur et auteur dramatique, le XVIIème Karmapa déploie un large éventail d’activités telles que les Karmapas les pratiquent depuis des siècles. Comme défenseur de l’environnement et chef spirituel mondial, dont les enseignements sont souvent retransmis en direct sur internet, il est clair que Sa Sainteté fait entrer pleinement le rayonnement de sa lignée dans le XXIème siècle.

 

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